Le 6 mars dernier, lors de l’Assemblée générale annuelle 2025 de Golf Canada, Adam Daifallah de Westmount, au Québec, a été élu 118e président de l’organisation. Il était auparavant vice-président depuis quelques mandats consécutifs et membre du Conseil d’administration depuis 2018.
Golf Canada souhaite faire connaître M. Daifallah à tous ses membres, et c’est pourquoi nous lui avons demandé de nous parler de lui et des sujets qui l’intéressent, de ses débuts de golfeur de compétition à son accession au titre de champion provincial, de son parcours de carrière et de ce qui l’a amené à se joindre à Golf Canada pour un jour devenir le plus jeune président de l’histoire de l’organisation. Nous lui avons aussi demandé ce qu’il pense des forces du golf canadien et de bien d’autres choses encore.
Ayant grandi à Peterborough, en Ontario, quels sports ou activités vous attiraient dans votre enfance? Le golf faisait-il partie de vos intérêts?
Je ne m’intéressais à aucun sport jusqu’à ce que découvre le golf à l’âge de 10 ans. Mes parents ne jouaient pas, mais mon grand-père, lui, avait été golfeur, mais il ne jouait plus. J’ai attrapé la “piqûre du golf” un jour en regardant la télé. C’était la Skins Game et j’ai vu Lee Trevino faire un trou d’un coup et se mettre à sauter et à embrasser son cadet Herman. J’ai alors dit à mes parents que je voulais essayer ce jeu-là! Je leur ai demandé de m’accompagner à la librairie et j’ai choisi un livre d’instruction, ça s’appelait The Golfer’s Bible. J’ai passé l’hiver au sous-sol à copier les mouvements d’élan que montraient les photos du livre. Je voulais être prêt à jouer pour la première fois dès le printemps. J’ai commencé à jouer cette année-là et j’ai adoré ça.
Voilà qui m’amène à ma prochaine question. Vous étiez un golfeur junior de compétition et avez remporté le Championnat Bantam masculin d’Ontario en 1992. Quels sont vos souvenirs de cette victoire? Avez-vous encore le trophée ou la médaille?
(Rires) Oui, j’ai encore le trophée. J’ai aussi le prix que l’OGA (aujourd’hui Golf Ontario) donnait aux gagnants provinciaux, une montre Tudor. Mon principal souvenir de cette victoire est celui d’avoir joué contre David Hearn (qui allait plus tard jouer sur le Circuit de la PGA) et de l’avoir défait par huit coups. C’est la première et la dernière fois que j’allais battre David! On est devenus de bons amis.
Passons maintenant à vos études. Vous êtes titulaire d’une licence avec mention en histoire et études politiques de l’Université Queen’s et vous avez commencé à travailler comme correspondant à Washington pour le New York Sun. De là, vous êtes passé au bureau de rédaction du National Post et avez écrit deux ouvrages sur la politique canadienne. Vous avez également collaboré au magazine SCOREGolf. Qu’est-ce qui vous intéressait tant dans le journalisme pour vous amener si tôt à y faire carrière?
J’ai toujours aimé écrire. Je me sous toujours intéressé à la politique et aux débats publics, et j’ai vu dans le journalisme une façon de mettre de l’avant les idées et les causes auxquelles je crois. J’avais envie de transmettre ces idées à un plus vaste auditoire.
Vous étiez boursier Sauvé à l’Université McGill et vous avez étudié le droit à l’Université Laval. Vous êtes par la suite devenu membre du Barreau du Québec Bar et avez pratiqué le droit au sein du cabinet Norton Rose Fulbright (maintenant Ogilvy Renault) à Montréal. Qu’est-ce qui vous a amené à passer du journalisme à la pratique du droit?
Très jeune, je m’intéressais à la politique et l’une de mes idoles était Brian Mulroney. J’ai toujours voulu m’approcher de lui, et il était avocat chez Ogilvy Renault à Montréal. C’est la principale raison qui m’a poussé à faire ça.
Vous avez plus tard fondé HATLEY Strategy Advisors, cabinet-conseil plus tard acquis par Teneo en 2020, où vous occupez actuellement le poste de principal directeur général. Teneo offre des services de consultation, de stratégie et de conseils aux entreprises. Sur papier, l’on voit trois cheminements de carrière distincts, du journalisme à la pratique du droit, puis à la consultation, mais j’ai l’impression qu’il y a plusieurs similarités entre chaque profession, non?
Absolument. Le travail de consultation auprès des entreprises que j’effectuais chez HATLEY et que je continue de faire chez Teneo me permet d’utiliser les compétences que j’ai acquises au fil de mes expériences passées en politique, en journalisme et en droit. Je m’en sers tous les jours dans mon travail.
En plus de votre rôle chez Teneo et de votre poste de président de Golf Canada, vous donnez aussi de votre temps comme bénévole à la Maison Dunham dans la municipalité de Dunham, au Québec. C’est un centre de traitement résidentiel spécialisé en santé mentale et traitement des dépendances. Qu’est-ce qui nourrit votre passion de redonner à la communauté?
Je souhaite simplement m’impliquer directement dans des causes auxquelles je crois. Quand on a un intérêt personnel et qu’on s’investit à un niveau émotionnel, on en fait plus. Dans le cas de la Maison Dunham, il s’agit d’un établissement fondé par un très bon ami qui a été touché par les problèmes de toxicomanie et de santé mentale. Je suis donc heureux de contribuer et de soutenir cette cause.
Parlons maintenant de votre arrivée à Golf Canada. Vous avez commencé par faire du bénévolat en 2013. Y a-t-il quelque chose qui vous a attiré ou quelqu’un qui vous en a parlé?
J’avais toujours voulu m’impliquer et la chance a voulu qu’un de mes amis, Norman John Hébert, soit le fils de Diane Dunlop Hébert qui était alors présidente de Golf Canada. C’est elle qui m’a ouvert la porte et m’a aidé à m’impliquer comme bénévole.
Depuis que vous êtes bénévole pour Golf Canada, vous avez siégé à plusieurs comités dans divers domaines comme la rémunération, les placements, le Conseil des gouverneurs, personnes et culture, les services du patrimoine et le groupe de travail sur les services bénévoles, en plus de participer au tableau de service, notamment comme préposé aux départs pour l’Omnium canadien RBC. Vous avez ensuite été élu au Conseil d’administration en 2018, vous êtes devenu vice-président pour deux mandats, en 2023 et 2024, et vous êtes maintenant le 118e président. J’imagine que toute cette expérience acquise au sein de ces nombreux comités vous a aidé à assumer les fonctions d’administrateur, puis de vice-président et maintenant de président?
Sans aucun doute. Je crois qu’il est important de bien connaître une organisation si on veut un jour diriger son Conseil d’administration. J’ai beaucoup profité de mon implication dans plusieurs secteurs de l’organisation et ça m’a permis non seulement de comprendre comment elle fonctionne sur le plan opérationnel, mais aussi de faire connaissance avec de nombreux membres clés du personnel, ce qui est très bien.
Il y a eu une transformation de la gouvernance de Golf Canada conformément aux meilleures pratiques de Sport Canada, récemment, comme l’ajout d’une catégorie d’athlète au sein du Conseil d’administration, et plusieurs professionnels de golf occupent des postes dans l’organisation. À votre avis, qu’est-ce qui constitue un bon conseil d’administration pour une fédération sportive nationale?
Je crois qu’il y a deux choses. La première, ce sont les gens qui apportent leur passion pour la cause et une profonde affection pour le sport en question. La deuxième chose, la portée et la diversité des compétences afin que tout ce qu’exige une gouvernance efficace – des choses comme l’expérience du droit, de la comptabilité, des ressources humaines, etc. – soit couvert. Il faut des gens qui représentent les différents ensembles de compétences et d’antécédents nécessaires.
Vous étiez membre du Conseil d’administration lorsque le plan stratégique actuel de Golf Canada a été lancé. Que pensez-vous des réussites opérationnelles et commerciales de l’organisation depuis la pandémie, et aussi de son rendement financier ces dernières années?
Nous sommes tellement chanceux de nous retrouver en si bonne position. Nous bénéficions du leadership solide de notre chef de la direction, Laurence Applebaum, auquel s’ajoute une dose de bonne chance. Bien des gens qui ne jouaient pas ont adopté le golf en raison de la pandémie et d’autres qui avaient cessé de jouer s’y sont remis. Le nombre d’adeptes ne cesse d’augmenter, même si quelques années sont passées depuis la pandémie. Donc, je crois que c’est une combinaison de bon leadership et des impacts positifs de facteurs externes. Il y a un dicton qui veut que « la chance, c’est ce qui arrive quand la préparation rencontre l’opportunité. »
Des gens de partout au Canada pratiquent le golf. On note des chiffres records de participation, 11 millions de scores affichés sur l’Appli Golf Canada. Le golf canadien se porte très bien grâce, entre autres, aux programmes comme First Tee – Premier départ Canada, Elle joue au golf et le programme de haute performance d’Équipe Canada, sans oublier nos athlètes professionnels qui compétitionnent sur la scène mondiale. Tout cela fait la fierté de Golf Canada et j’aimerais savoir ce que vous pensez de l’état du golf canadien aujourd’hui.
Je dirais que nous sommes dans une position enviable. Je ne suis pas sûr qu’on aurait pu prédire la situation où nous nous trouvons aujourd’hui, tant en matière de golf amateur que professionnel, il y a quelques années. Les grilles de départ des terrains de golf publics sont pleines à craquer. Les clubs privés ont des listes d’attente. Nous avons vu quatre Canadiens participer au Tournoi des Maîtres.
Si vous aviez un évènement ou un moment à choisir depuis votre arrivée à Golf Canada que vous jugez le plus précieux, qu’est-ce que ce serait?
Difficile à dire. Peut-être que c’était comme préposé aux départs du premier tertre à l’Omnium canadien RBC. Rencontrer les joueurs et les présenter à la foule – en particulier les Canadiens et ceux que j’admirais le plus – c’était vraiment une belle expérience. Un autre moment qui me vient à l’idée, c’est ma rencontre avec Lee Trevino, lui qui avait allumé mon intérêt pour le golf. Il est venu à l’Omnium canadien RBC il y a quelques années et on a parlé ensemble pendant près de deux heures.
Pour la première année de votre mandat comme président de Golf Canada, y a-t-il des objectifs particuliers que vous souhaitez atteindre ou continuer de poursuivre?
Mettre à profit la croissance du jeu et les gains de ces dernières années est une priorité. Nous devons continuer sur notre lancée. Il faut aussi assurer une bonne gouvernance et moderniser l’infrastructure des bénévoles. Au fil des ans, les gens m’ont demandé si j’avais assez de temps pour faire du bénévolat chez Golf Canada parce que je travaille à temps plein. Nous devons continuer à rendre notre organisation plus conviviale pour ceux qui travaillent et qui ont d’autres engagements, comme les jeunes familles.
Au cours de votre mandat à la présidence, Golf Canada va déménager son siège social national au TPC Toronto d’Osprey Valley, hôte de l’Omnium canadien RBC 2025. Comment qualifieriez-vous votre enthousiasme face à ce nouveau chapitre de l’histoire de Golf Canada?
C’est extrêmement excitant. C’est un projet que j’ai vu évoluer du stade de simple concept à celui de réalité presque concrète maintenant. Il y a eu beaucoup de travail et de dévouement de la part du personnel pour que cela se produise et je pense que tout le monde est maintenant très excité de voir ce projet se réaliser, fin prêt pour la nouvelle ère qui s’ouvre à Golf Canada.
Vous êtes un généreux donateur lors des activités de levée de fonds de la Fondation Canada – quel impact les efforts de la Fondation et de ses donateurs ont-ils sur l’avancement du golf canadien?
Cela fait une énorme différence. La Fondation Golf Canada, sous la gouverne de Martin Barnard, mérite nos félicitations pour la croissance des collectes de fonds enregistrée depuis quelques années, particulièrement en lien avec le programme First Tee – Premier départ Canada, où de nombreux dons majeurs ont été récoltés d’un océan à l’autre au profit des sections provinciales de First Tee – Premier départ. Bien sûr, ça va prendre du temps pour qu’on puisse en voir les fruits, parce que le programme est encore assez jeune, mais je suis certain que ça va donner d’excellents résultats, rapporter d’énormes dividendes avec le temps.
J’aimerais vous poser quelques questions personnelles. Occupé comme vous êtes, comment parvenez-vous à entretenir vos relations? Il doit y avoir bien des domaines, des lieux ou des personnes auxquels vous aimeriez vous connecter ou vous reconnecter. Comment y arrivez-vous, comment entretenez-vous vos relations?
À la base, il s’agit de tendre la main et d’établir des contacts fréquents. Les courriels, les appels téléphoniques, les textos, mais aussi jouer au golf ensemble… la clé pour garder les relations en vie, c’est de continuer à faire l’effort de rester connecté à travers des points de contact. Oui, ça prend un effort et cet effort doit être mutuel.
Vous vivez à Westmount, au Québec, avec votre épouse et vos deux jeunes fils. Sont-ils tous des mordus de golf?
Tout le monde dans la famille joue, y compris ma femme. On a une adhésion familiale au Club de golf de Knowlton et j’y joue neuf trous avec mes garçons presque toutes les fins de semaine pendant l’été. Ils se montrent très intéressés et ça me ravit.
Je suis sûr que vos responsabilités de père et de mari vous mobilisent beaucoup, et en plus de ça, vous travaillez à plein temps et faites beaucoup de bénévolat. Quelle importance accordez-vous à l’équilibre travail-vie personnelle?
C’est très exigeant, mais c’est essentiel. Il y a toujours une certaine tension entre ces deux pôles et on doit seulement faire de son mieux. C’est un numéro de jonglage, mais ça aide quand on a une épouse ou partenaire qui nous soutient, et j’ai la chance d’avoir ça.
Comment décrivez-vous votre façon de jouer au golf aujourd’hui?
(Rires) Je dirais que je suis content de mon jeu, étant donné mon âge et le nombre de fois que je joue. Je suis très heureux de passer le seuil des 80 n’importe quelle journée.
Enfin, qu’est-ce qu’on devrait savoir sur vous, au-delà de votre biographie?
Je suis une personne très communicative et ouverte. Je suis comme un livre ouvert. Je veux être accessible et si quelqu’un souhaite s’adresser à moi, n’hésitez pas s’il vous plaît. Décrochez le téléphone ou envoyez-moi un courriel et, si je peux vous aider pour quoi que ce soit, je le ferai.