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Œuvre inachevée

(Golf Canada)

Le jeu exceptionnel de Jared du Toit à Glen Abbey a démontré qu’il a ce qu’il faut pour se mesurer aux meilleurs. Cet été, il veut remettre ça.


L’an passé, Jared du Toit avait l’intention d’aborder l’Omnium canadien RBC 2016 – son premier départ à un tournoi du PGA TOUR – comme n’importe quelle autre compétition.

Mais il ne s’attendait pas à vivre une telle expérience.

« Quand je participe à un tournoi, d’habitude, j’allume la télé dans ma chambre d’hôtel pour me détendre, le soir, en regardant SportsCentre, dit-il. Mais là, je ne pouvais pas l’allumer parce que toutes les chaînes sportives affichaient la même manchette et je ne voulais pas voir ça! »

« Je ne voulais pas être entraîné dans tout ce cirque, c’était la première fois. »

Sur Sportsnet, TSN, Golf Channel, du Toit était le sujet de l’heure. Et partout au pays, sur les terrains de golf, on ne parlait que de lui.

À juste titre.

Représentant l’Équipe nationale amateur du Canada grâce à une exemption, le golfeur de 21 ans originaire de Kimberley, C.-B., a explosé sur la scène cette semaine-là à Glen Abbey. On y a vu l’ascension, digne d’un conte de fées, d’un athlète relativement inconnu qui devient aspirant crédible au titre.

Il a joué une première ronde de 67, cinq sous la normale, à un coup de la tête. Grâce à ses scores de 71 et 70 les jours suivants, le nom de du Toit n’était jamais loin du sommet du tableau.

Et en calant un roulé de 40 pieds pour réussir l’aigle au dernier trou, samedi, il s’est assuré une place dans la finale du lendemain, avec une bonne chance de devenir le premier Canadien à remporter un omnium canadien depuis Pat Fletcher en 1954.

Du Toit a conclu la ronde finale avec un score de 71, trois coups derrière le champion Jhonattan Vegas et ex aequo au neuvième rang cumulatif. Il a ainsi terminé premier parmi les Canadiens, à 17 incroyables coups du deuxième meilleur amateur.

Jason Day, qui se classait meilleur golfeur de la planète à son arrivée à Glen Abbey, a fini deux coups derrière du Toit.

« Nous savions que Jared jouait bien, déclare Derek Ingram, entraîneur-chef de l’Équipe nationale masculine. Mais ce qui m’a impressionné le plus, c’est de voir son cran et sa confiance toute la semaine dans cette situation. Il s’épanouissait, il aimait ça et s’en nourrissait sans se laisser déconcentrer. »

« Il y a d’autres gars qui maîtrisent bien le jeu, ajoute Ingram, mais c’est différent quand on réussit à le faire entouré de toute cette foule, sous pression et par grande chaleur. C’est ce qui le distingue à mes yeux. »

Et ce n’est pas tout ce qui distingue du Toit, loin de là!

Jeune homme poli et raffiné, du Toit bouillonne d’enthousiasme comme si c’était hier quand on lui rappelle cette semaine chaude, humide et inoubliable de juillet dernier.

Le soutien de la foule de ses compatriotes était, comme il ne cesse de le répéter, « incroyable ». Il recevait des encouragements de l’intérieur des cordes, aussi, de la part des Graham DeLaet, Adam Hadwin, Nick Taylor et autres Canadiens en lice.

« Franchement, tous les gars, sans exception, étaient fiers de moi », ajoute du Toit.

Mais les appuis venaient aussi de sources improbables, tel son partenaire de jeu, ce dimanche-là, vainqueur de la Coupe FedEx en 2012 et de huit tournois sur le PGA TOUR.

« Le jour de la finale, Brandt Snedeker m’encourageait tout le temps, il faisait en sorte que je me sente bien, raconte le jeune amateur. Mon début de ronde a été laborieux et il me répétait : “Lâche pas, continue, ça va venir.” J’ai enfin réussi un oiselet au 8e trou et il m’a applaudi, a pompé son poing en disant “OK, c’est parti!” C’était super cool. »

Évidemment, du Toit a beaucoup appris de son expérience à Glen Abbey, mais les semaines qui ont suivi lui réservaient une autre leçon importante.

« Lorsque je participais à des tournois amateurs ou universitaires, après ça, je me mettais de la pression pour bien jouer, pour me montrer à la hauteur de ce que j’avais fait, avoue-t-il. Je ne voulais pas être le gars qui avait bien joué seulement une semaine. J’étais sous pression et j’ai mal joué parce que j’étais trop stressé sur le terrain. »

« Mais pour l’Omnium, c’était une bonne semaine, ajoute du Toit. Si cela avait été un tournoi amateur, je l’aurais sans doute gagné. Mais c’était juste une semaine, et le simple fait de comprendre ce qui s’était passé m’a vraiment aidé : mon processus, ma préparation, la qualité de mon élan. Il me fallait comprendre ce qui m’avait mené là, en position de réussite, plutôt que d’essayer trop fort de réussir chaque semaine. En continuant de bien faire toutes les petites choses, ça va marcher à la longue. À court terme, ça m’a donné une bonne leçon. »

Il faut croire que du Toit apprend vite, car il a connu une dernière saison éclatante avec les Sun Devils de l’Université Arizona State, triomphant notamment au championnat The Prestige à la mi-février. Bientôt muni d’un diplôme en marketing, il préfère gagner sa vie sur les allées et les verts, et de ce côté, il continue de faire ses devoirs.

« Je crois qu’une des choses qui l’aide le plus, explique Ingram, c’est le fait qu’il a d’excellentes habitudes. Ce n’est pas très sexy, mais ça fonctionne. Ce gars-là travaille extrêmement fort et il est très intelligent. C’est un bon athlète qui a pratiqué plusieurs sports. Toutes ces choses commencent à se traduire en un homme qui pourra devenir un très, très bon golfeur professionnel. »

« Si on le lance sur le PGA TOUR, ses chances sont bonnes. »

Du Toit aimerait bien être lancé sur le PGA TOUR. Ça fait des années qu’il en parle. Après cette remarquable performance à l’Omnium canadien RBC en 2016, il peut se rassurer.

« C’était comme je rêvais que ce serait, et même mieux, conclut du Toit. Et de voir qu’en jouant de mon mieux, je peux être compétitif et gagner ma vie sur le circuit… après tout, c’est ça le but. J’ai validé mes rêves et tout ce qui me motive à travailler si fort. »


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Cet article a été publié dans l’édition Familles au jeu du magazine Golf Canada. Pour lire l’article dans le format original, cliquez sur l’image.