Golf amateur

Jocelyne au Panthéon

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Magazine Golf Canada

Après Maurice Richard, Nancy Greene, Clarence Campbell, Gilles Villeneuve, Nathalie Lambert, Sam Pollock, Ferguson Jenkins, Sandra Post et autres illustres noms du sport au Canada, voici enfin que Jocelyne Bourassa est élue au Panthéon des sports canadiens.

Intronisée parmi les bâtisseurs du sport au pays, notre grande dame du golf aurait pu l’être tout autant dans la catégorie athlète. En effet, après une fulgurante carrière dans les rangs amateurs où elle a tout gagné au Québec, en Ontario et au Canada à plus d’une reprise, devenant aussi championne d’Écosse chez les juniors et de la Nouvelle-Zélande en équipe avec Marilyn Palmer, Jojo (comme je l’appelle affectueusement) a connu un début canon chez les professionnelles.

Choisie recrue par excellence de la LPGA en 1972, elle allait remporter l’été suivant, devant ses proches au Golf municipal de Montréal, le tournoi La Canadienne (devenu aujourd’hui l’Omnium féminin Canadien Pacifique) en prolongation devant Judy Rankin et Sandra Haynie, les deux meilleures golfeuses du monde à ce moment-là. Tout un exploit, grâce auquel Jocelyne Bourassa est devenue le seul Canadien à avoir remporté un tournoi de la PGA ou de la LPGA en sol canadien à ce jour!

Parcours impressionnant pour une enfant initiée au golf par son frère Gilles sur le mini-golf que lui avait aménagé son père, Léger, dans la cour arrière du chalet familial en enfouissant dans le sol des boîtes de conserve vides en guise de coupes…

« J’ai pensé à Gilles et à notre père lors de la conférence de presse du Panthéon, raconte Jocelyne. Il se cachait derrière les arbres quand il nous suivait en tournoi, pour être sûr de ne pas nous déranger. Après un oiselet, il faisait semblant d’attraper l’oiseau dans ses mains pour le cacher sous son chapeau de paille et éviter qu’il ne s’envole! »

Si ses problèmes de genoux l’ont obligée à abandonner le volet compétitif du golf beaucoup trop tôt, en 1979, la championne a quand même poursuivi son engagement golfique dans l’excellence en acceptant, en 1980, l’offre de Luc Brien pour lui succéder à la direction de l’étape canadienne du Circuit de la LPGA (la Classique du Maurier à l’époque), tâche qu’elle a accomplie avec brio pendant 25 ans.

L’annonce du Panthéon tombe pile : lorsqu’elle a appris la nouvelle, Jocelyne était justement à classer ses photos, coupures de journaux et trophées en préparation d’un retour auprès de sa famille à Saint-Élie-de-Caxton, patrie mythique du conteur Fred Pellerin, non loin de son Shawinigan natal.

« J’ai eu le privilège de vivre de très grandes émotions durant mes années de compétition, reconnaît-elle avec sincérité. L’appui de la foule à La Canadienne, en 1973, reste inoubliable. On m’en parle encore plus de 40 ans plus tard! Je remercie tous ces gens pour la vague d’amour d’une rare intensité que j’ai reçue ce jour-là. »

Même s’il était un peu tôt, à 33 ans, pour ranger ses bâtons de compétitrice, Jocelyne a su faire la transition vers la gestion en douceur, et c’est là qu’elle a gagné ses galons de bâtisseur qui lui valent aujourd’hui sa place au Panthéon, honneur qui s’ajoute à son intronisation au Temple de la Renommée du sport québécois en 1992 et au Temple de la renommée du golf canadien en 1996.

« J’ai consacré deux ans, en vain, à tenter de me refaire un élan qui allait me permettre de continuer de concourir », admet celle qui, après avoir été directrice de comité à la LPGA, au milieu des années 70, sous la présidence de Carol Mann, ne regrette pas d’être passée à autre chose.

« Pour mon employeur Imperial Tobacco, qui détenait les droits du tournoi féminin ces années-là, la clé était de toujours avoir une solution, explique l’ex-directrice. Et puisque mon plus grand plaisir était de relever des défis sur le parcours, c’est exactement ce que j’ai continué de faire comme organisatrice, en inventant des ambiances spéciales pour les tournois. »

Pendant ses années à la barre de ce qui fut longtemps la seule étape de la LPGA au Canada, ce tournoi s’est avéré l’un des plus prestigieux rendez-vous du grand chelem féminin, mettant aux prises les Nancy Lopez, Annika Sorenstam, Lorena Ochoa et autres grandes vedettes internationales.

« Ces 25 années m’ont apporté beaucoup de défis et de bonheur, mais pour toute cette période, ma plus grande fierté reste la création en 1990 de la Série du Maurier pour les professionnelles canadiennes », insiste-t-elle.

Le nombre de participantes à ce qui est aujourd’hui le Circuit canadien féminin a bondi de 20 participantes à plus d’une centaine. Comme le signale Jocelyne, « Lorie Kane et Debbie Savoy-Morel, entre autres, y ont trouvé leur carrière grâce aux tournois et aux cours de Dede Owens. Elles étaient comme mes filles et j’ai bien aimé les voir progresser et réussir. »

Le gala d’intronisation au Panthéon des sports canadiens se tiendra le 21 octobre prochain à Toronto. Seront également de la cohorte, aux côtés de Jocelyne Bourassa, l’ex-hockeyeur Paul Coffey et les médaillés olympiques Jennifer Heil, Danielle Goyette et Nicolas Gill. Notons que le golf est quadruplement honoré cette année au Panthéon, car dans la nouvelle catégorie Légendes du sport, les frères Charles et Albert Murray, de même que l’architecte de golf Stanley Thompson, auront aussi leur place.


Jocelyne au Panthéon

Cet article a été publié dans le numéro de juin 2015 du magazine Golf Canada. Pour lire l’article dans le format original, cliquez sur l’image à la gauche.