Anne-Catherine Tanguay: le processus avant le résultat !

Anne-Catherine Tanguay (mongolf.ca)

Après une saison 2018 durant laquelle elle a évité le couperet sept fois en 17 compétitions, Anne-Catherine Tanguay a démontré une belle progression au début de sa deuxième année complète au sein de la LPGA en parvenant à en faire autant dans quatre de ses sept premiers tournois.

En additionnant le nombre de ses résultats obtenus à ses quatre derniers tournois, l’an passé, à celui mérité au cours des sept premiers tournois de la saison en cours, la golfeuse de Québec montre une fiche de 7-en-10 pour ses participations aux rondes finales.

« Et c’est par un seul coup que je n’ai pas « fait » la coupure lors du tournoi d’Hawaii, rappelle-t-elle. Rater par un coup, ce n’est pas mon objectif. Je ne joue pas avec juste l’idée de « faire la cut », mais c’est (ses récents résultats) un bon indicatif pour démontrer que je progresse. »

Là où ce fut encore plus évident, c’est lorsqu’elle a terminé en huitième place lors du tournoi de qualification Q-Series de la LPGA, un résultat qui lui a valu de conserver son statut complet pour la saison 2019.

C’était d’autant plus encourageant qu’elle avait réalisé sa meilleure performance sur le circuit de la LPGA le 30 août, lorsqu’elle a terminé à égalité en 16e place lors de la Classique Cambia, à Portland. C’était sa première incursion dans le top 20 d’un tournoi de ce niveau.

Puis, on sait qu’elle a connu un bon départ cette année. Alors, qu’est-ce qui s’est passé entre le 1er juillet et maintenant ?

L’importance des camps d’entraînement

Il y a d’abord le fait qu’elle a beaucoup appris au cours de sa première saison au sein de ce circuit. Accompagnée par son compagnon de vie et cadet, le professionnel Jean-Hubert Trahan, elle a découvert avec lui des parcours qu’elle ne connaissait pas et les nombreuses choses qu’ils devaient apprendre tous deux en matière de logistique.

Puis, au moment où Anne-Catherine éprouvait de sérieuses difficultés, parvenant à se qualifier pour les 36 derniers trous des rondes finales seulement deux fois en 14 tournois, elle a eu la visite de Tristan Mullally, entraîneur en chef de l’équipe féminine, et de Christie Gialloreto, psychologue sportive.

Cette aide était quasi providentielle. Il lui fallait trouver des solutions. Les experts du programme de l’élite de Golf Canada ont su faire réaliser à la diplômée de l’Université de l’Oklahoma l’importance de ne pas mettre l’accent sur les résultats, mais bien sur le processus qui lui permet de se rendre au succès.

« Ça été un point tournant pour moi. J’ai ensuite terminé la saison en force et j’étais confiante de mériter ma carte au Q-School mais, avant cela et vu que c’était ma première année, je ne réalisais pas à quel point je m’imposais beaucoup d’attentes, mentionne l’athlète âgée de 28 ans. Puis, j’ai connu un bon camp d’entraînement en novembre, puis un autre en janvier, à Orlando. Tristan vient également nous rencontrer une fois par mois pour vérifier notre progression et ça m’aide énormément. »

Il y a aussi l’équipe derrière Anne-Catherine Tanguay qui mérite une part d’acclamations. À commencer par Fred Colgan, Anne Labrecque et Éric Innes, respectivement son coach, sa physiothérapeute et son préparateur physique à Québec. Il y a également le spécialiste en médecin sportive, le Dr. Claude Tremblay, qui y va de ses conseils depuis de nombreuses années.

Près de son potentiel

Les objectifs d’Anne-Catherine pour la saison en cours s’arrêtent à peu de choses : elle veut tout simplement continuer à s’améliorer en mettant l’accent sur le processus et non sur les résultats.

« En fait, l’idée est de me rapprocher le plus possible de mon plein potentiel, dit-elle. Je travaille fort pour y arriver et, jusqu’à maintenant, je sens que je m’y approche. J’en suis à ma cinquième saison professionnelle et à ma deuxième complète au sein de la LPGA. Je pense bien avoir mérité d’être où je suis. »

Étant donné que son statut lui permet de le faire, Anne-Catherine prévoit s’accorder des pauses de quelques jours à la suite de trois ou quatre participations consécutives à des tournois.

« C’est une question d’équilibre, affirme celle qui a été ralentie par les blessures en juillet dernier. Si on ne le fait pas, on risque de se brûler et d’être moins performante. »

Lorsqu’on consulte ses statistiques, Anne-Catherine se classe parmi les 20 premières du circuit de la LPGA en ce qui concerne la distance des coups de départ et occupe le 42e rang pour le nombre de verts atteints en coups prescrits.

« C’est vrai que je ne suis pas très grande (elle mesure 5’ 4’’), mais le fait que j’ai pratiqué beaucoup de sports durant mon enfance et mon adolescence, notamment le soccer, m’a sans doute aidée à développer plus de force et de précision dans mes élans. »

Pour progresser davantage, Anne-Catherine sait qu’elle doit cependant améliorer son jeu court et ses coups roulés.

« En ce début de saison, j’ai beaucoup travaillé avec mes wedges de manière à faire le bon choix entre deux bâtons lorsque j’ai besoin de réussir un coup sur de courtes ou moyennes distances, explique-t-elle. Il faut également que je réussisse plus de coups roulés de 10 pieds ou moins pour sauver une normale. »

Comment se dérouleront les deux derniers tiers de sa saison en cours ? Elle ne le sait pas exactement. Elle sait, par contre, qu’elle doit se soumettre à un processus qu’elle peut maîtriser.

Jean-Hubert Trahan: un rôle bien assumé

Les golfeurs professionnels reconnaissent l’importance d’avoir un cadet en qui ils ont confiance. Pour Anne-Catherine Tanguay, la décision n’a pas été trop difficile à prendre. Son partenaire en compétition est le même que son compagnon de vie !

Depuis trois ans, Jean-Hubert Trahan, qui est un professionnel de golf, occupe en effet ce double emploi. « Bien avant ça, il avait averti ses patrons au Club Laval-sur-le-Lac que dès que j’aurais ma carte de la LPGA, il allait être mon cadet à temps plein », informe sa conjointe.

Sur le plan de l’adaptation à son nouveau rôle, Jean-Hubert admet que ça n’a pas toujours été facile, Anne-Catherine ayant connu un début de parcours difficile en compétition. Il a su toutefois comment réagir.

« Au début, je me sentais comme le Capitaine Positif qui devait tout faire pour garder son bâteau dans la bonne direction, dit-il en ricanant. J’ai réalisé que moi aussi je devais m’adapter à un tas de choses. Je me suis informé auprès d’autres vétérans cadets au sujet de différents aspects du jeu ou pour d’autres renseignements utiles quand on est en tournée. »

L’une des tâches les plus lourdes est évidemment d’en apprendre le plus possible sur les parcours où se déroulent les tournois de la LPGA. Les cadets doivent connaître les conditions de jeu, la façon dont réagissent les verts, la direction des vents dominants et autres détails du genre, question de bien préparer la planification stratégique du jeu.

« Maintenant qu’on les a joués et qu’on les connaît mieux, on se sentira plus à l’aise sur ces parcours en 2019, » affirme Jean-Hubert.

La fiche d’Anne-Catherine, à la suite de ses six premiers tournois, est respectable. Tout le travail et les efforts accomplis jusqu’ici commencent à paraître dans les résultats. Le couple attribue ce succès à autre chose également : « Une bonne communication ! »

« Que ce soit Anne-Catherine ou moi, on a appris des façons de dire des choses pour qu’elles ne blessent pas l’autre », conclut Jean-Hubert. Faut dire qu’il s’y connaît en communication, puisqu’il s’occupe également des relations de presse de son athlète.