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Golf en milieu scolaire (Archives de Golf Canada)

C’est un programme qui a le pouvoir de changer des vies, d’inspirer des jeunes à devenir des stars du golf ou, tout simplement, de les initier à des activités physiques inconnues jusque-là, de faire naître la confiance en soi chez les plus timides et d’inculquer les valeurs positives du golf aux jeunes.

Les quatre premiers articles de cette série ont porté sur les innombrables mérites du Golf en milieu scolaire. Il reste cependant de nombreuses lacunes à combler pour assurer la transition vers la prochaine étape de son évolution.

Presque toute l’année, et dans certains cas pendant plusieurs années suivant l’implantation du programme, l’équipement et les ressources pédagogiques dorment dans les placards des gymnases, et ce n’est pas seulement la faute des écoles.

« Nous avons besoin de plus de gens pour relever les défis liés au développement du golf », explique Mike Kelly, directeur administratif de l’Association de golf de l’Ontario (GAO). « Les bénévoles sont la pièce manquante pour assurer le succès des programmes comme Premiers élans CN et Golf en milieu scolaire, et pour augmenter la participation au golf en général. Il nous faut l’appui des collectivités sur le terrain. »

Le directeur en chef du sport chez Golf Canada, Jeff Thompson, est du même avis : il faut des bénévoles pour prendre les commandes dans leurs communautés respectives.

« La prochaine étape sera d’établir des liens entre les écoles et les établissements de golf, ajoute Thompson. C’est beaucoup demander aux associations de golf provinciales. »

Par conséquent, Golf Canada envisage de mettre à profit son programme de formation des entraîneurs de golf communautaires, créé en partenariat avec la PGA du Canada et l’Association canadienne des entraîneurs. « Nous voulons aussi identifier des ambassadeurs communautaires passionnés, intéressés à appuyer les écoles offrant le programme Golf en milieu scolaire et capables de créer des contacts avec les clubs de golf » ajoute Thompson.

« Ces entraîneurs de golf communautaires n’ont pas à être membres de la PGA, dit Thompson. Des retraités membres de clubs de golf, par exemple, peuvent recevoir une formation d’entraîneurs communautaires pour acquérir les ressources et les connaissances qui leur permettront d’aller dans les écoles et de créer des ponts entre le club et les enseignants. Ceci afin de bien enraciner les programmes et d’assurer leur longévité. »

Le premier de ces ambassadeurs communautaires sera Grant Fraser, fondateur du Golf Management Institute of Canada et professeur de gestion professionnelle du golf au Niagara College.

« Dans le cadre d’une initiative que nous allons piloter, explique Thompson, Grant visitera quatre ou cinq clubs de golf pour leur parler de son projet de créer des communautés golfiques où les écoles et les installations de golf intéressées seront en lien. L’idéal serait d’avoir un Grant Fraser à tous les 40 kilomètres! »

Fraser est motivé et représente un choix tout à fait naturel. Ses étudiants du Niagara College organisent une collecte de fonds annuelle depuis quatre ans et ils ont amassé environ 7 500$ jusqu’ici afin d’adopter 11 écoles de la région de Niagara.

« Mes étudiants sont fiers de contribuer au développement du golf et j’en retire une certaine satisfaction, mais ce n’est pas assez, dit Fraser. À l’avenir, je voudrais que mes étudiants introduisent le programme Golf en milieu scolaire dans les écoles, qu’ils se rendent sur place pour aider les enseignants à mettre l’équipement entre les mains des jeunes. »

Il y a des passionnés de ce genre partout au pays. Lee Cooper, propriétaire du club de golf Hughendon, en Alberta, offre aux élèves de 13 ans et moins d’une école locale la possibilité de jouer gratuitement. Chris Veltkamp, fondateur et directeur du Play Golf Junior Tour, coordonnateur des sports et professeur d’éducation physique à l’école St. Mary-St. Cecilia de Morrisburg, en Ontario, a introduit le golf dans toutes les écoles où il a travaillé depuis 10 ans; il a même aménagé un parcours de golf rudimentaire de quatre trous sur un terrain vague près de son école actuelle. Il y a aussi l’entraîneur provincial de golf à l’Île-du-Prince-Édouard, Dallas Desjardins, qui est un pilier légendaire du golf junior et de Golf en milieu scolaire, et Wayne Allen, professionnel du Blomidon Golf Club de Corner Brook à Terre-Neuve et Labrador, qui a recruté 16 écoles dans sa province. La liste est longue, mais il faudra encore plus de gens qui s’engagent dans leur collectivité pour que les projets ambitieux de Golf Canada portent fruits.

Personne n’a plus à cœur de relever ce défi que Kelly, lui qui a mis sur pied le premier programme de golf dans les écoles au Canada en 2001, à la Commission scolaire catholique du district Dufferin-Peel en Ontario.

Le plan d’action élaboré par Kelly consiste à créer des zones, en Ontario, pour favoriser le développement du golf à l’échelle régionale. « Chaque zone réunira tous les partenaires de la province : la GAO, Golf Canada, l’Association nationale des propriétaires de terrains de golf, la PGA de l’Ontario, l’Association des surintendants de golf et la Société canadienne des directeurs de clubs. Golf Barrie servira de zone pilote. Il reste à recruter des gens comme Grant, convaincus de la valeur de Golf en milieu scolaire, qui sont prêts à parcourir leur région chaque mois pour motiver les enseignants. »

De l’avis de Kelly, une visibilité et une accessibilité accrues du golf sont essentielles au succès de son plan d’action. « Le golf n’existe que sur les parcours, à l’écart, ce qui rebute bien des gens, dit-il. Nous devons associer notre sport aux événements communautaires. Golf en milieu scolaire est d’abord une activité d’initiation. On passera à l’apprentissage plus tard. Si on peut les faire jouer au golf, plus de jeunes y trouveront du plaisir et deviendront des adeptes. »

Payer pour jouer

Le financement du programme fait l’objet d’une attention continue. À l’heure actuelle, les deux tiers des nouvelles écoles qui offrent Golf en milieu scolaire le font grâce à leur « adoption » par un particulier ou une entreprise qui fournit des fonds pour permettre leur inscription au programme. Golf Canada s’efforce d’augmenter le soutien financier à Golf en milieu scolaire en l’intégrant à ses commandites d’entreprises. Par exemple, depuis son premier tournoi en 2013, la Shaw Charity Classic du Circuit des champions de la PGA contribue à hauteur de 5 000 $ par année au programme Golf en milieu scolaire de Golf Alberta. L’association divise ensuite le montant en tranches de 300$ qu’elle répartit parmi plusieurs écoles de la province.

Un autre grand bienfaiteur du programme est le professionnel Graham DeLaet du PGA TOUR qui a adopté 37 écoles de la Saskatchewan, dont quatre dans sa ville natale de Weyburn. Les fonds proviennent de la Graham DeLaet Charity Golf Classic 2013, un événement organisé conjointement avec Golf Saskatchewan. Cet apport financier a permis d’assurer la participation à Golf en milieu scolaire de plus de 70% des écoles de la province.

Golf Canada continue d’explorer le potentiel du programme. « Cette année, nous avons initié un projet de passes Golf en milieu scolaire dans 23 clubs, partout au pays, qui ont des liens avec des écoles participantes, explique Thompson. Ces clubs remettent les passes aux jeunes qui viennent chez eux dans le cadre de Golf en milieu scolaire, et ceux-ci ont droit à un panier de balles gratuit lorsqu’ils reviennent au terrain d’exercice. Les échos sont positifs, les jeunes reviennent souvent avec un adulte ou leur frère ou sœur. »

Et d’ajouter Thompson : « Nous avons élargi le programme cette année en introduisant le volet Compétences de vie et le programme intermédiaire. L’an prochain, nous serons en mesure d’évaluer l’accueil des Compétences de vie dans les écoles. »

Comme le font remarquer Kelly et Thompson, si on peut affermir la base du programme et mobiliser les collectivités, tout devient possible pour Golf en milieu scolaire et les autres programmes de développement.

« Nous avons plus à offrir aux familles que tout autre sport, affirme Kelly. Il est ici question d’un changement majeur qui prendra du temps, mais il faut commencer à agir dès maintenant. On ne peut pas se contenter d’attendre que les gens se portent volontaire. »