Collaboration spéciale de Martial Lapointe (golf-martial-lapointe.com)
La voix était enrouée, le débit, plutôt lent, vague et légèrement embrumé, cela en était rigolo… Brigitte Thibault sortait d’une nuit profonde quand on l’a eue au bout du fil il y a quelques jours: « Oui, c’est tout un honneur, c’est… euh, comme un rêve… »
Elle avait répondu ainsi entre deux bâillements, elle qui était à l’heure de la Californie. Il lui a fallu quand même quelques secondes avant de sortir du sommeil et de réaliser qu’elle parlait à quelqu’un à l’autre bout du continent. N’empêche, elle a bien voulu nous entretenir sur ce rêve… pas celui qu’elle faisait à ce moment-là dans son lit douillet d’une des résidences universitaires de Fresno, mais bien celui qu’elle vivra dans un mois alors qu’elle sera la première golfeuse canadienne à fouler les allées du prestigieux Augusta National.
La nouvelle à ce sujet est sortie en début d’année: Brigitte Thibault, de Rosemère, Québec, sera du nombre des 72 joueuses invitées au premier Championnat national féminin se tenant à Augusta les jours précédant le fameux Masters. Alors, à un mois de cet événement majeur, nous voulions savoir comment compose la jeune femme avec cette situation.
Car d’ici là, elle ne restera pas les bras croisés, loin de là!
« Après notre entretien, spécifie-t-elle, je raccroche et je file au campus, j’ai deux cours aujourd’hui. Et demain (samedi), nous partons pour l’Arizona où l’un des plus importants tournois de la NCAA se tient. Après, c’est le Mexique, pour un autre tournoi de notre division. Ensuite… et bien ensuite on se prépare pour Augusta ! »
Rester concentrée
Réalise-t-elle que, d’une certaine manière, elle va marquer l’histoire, nous lui demandons alors? Elle n’hésite guère, elle sait parfaitement ce qui s’en vient et pas question que cela, même si c’est un événement qui marque une vie, ne change quoi que ce soit à ses plans:
« Je suis très honorée, répond-elle, vraiment contente, mais il faut que je reste concentrée sur ce que je fais à tous les jours. Je conviens que c’est gros, que c’est un rêve, jouer à Augusta, inatteignable même il n’y a pas si longtemps, et voilà que je pourrai y disputer un championnat!
Mais, continue-t-elle, ça demeure un rêve que je vais réaliser sur le chemin menant jusqu’à mon grand rêve, soit celui de jouer un jour sur la LPGA. Je veux rester concentrée sur cet objectif malgré tout ce qui peut arriver d’ici là. »
Pas de mauvaise journée
C’est clair que cette golfeuse sait où elle va. Et elle va bien. Car on ne reçoit pas une invitation pour l’un des plus importants tournois de l’année sans qu’on n’ait fait nos preuves.
« Depuis que je suis dans l’équipe de Fresno, explique-t-elle, je connais une belle progression. Pour obtenir ma place à Augusta, on a pris mon rang mondial, soit 220, et celui au Canada où je suis première. Ces bonnes positions proviennent du fait que j’ai très bien joué pour mon équipe. Je joue régulièrement des rondes de 66 ou 67 et je me classe bien dans nos tournois, comme une deuxième place à Las Vegas avec moins 11. »
Elle admet qu’il lui arrive de connaître des rondes où le score est plutôt élevé mais elle ne voit nullement cela comme un échec.
« Je ne connais plus de mauvaises journées au golf, tranche-t-elle. Quand je n’ai pas un bon pointage, je vois cela comme une opportunité, une occasion pour analyser ce que j’ai fait et ainsi m’améliorer pour la prochaine partie. »
Les coaches
Ainsi donc, son passage (elle en est à sa deuxième année) à l’Université Fresno State l’a beaucoup aidé à s’améliorer. « J’apprends tellement avec cette équipe », rappelle-t-elle. Pas surprenant d’apprendre que sa coach Emily Loftin sera à ses côtés lors de ces journées particulières à Augusta.
« Nous avons droit à un invité spécial pour cet événement, précise-t-elle, un invité qui pourra me suivre partout pendant toute la durée du tournoi. Et ce sera coach Loftin, c’est sûr ! »
De plus, Brigitte Thibault a droit à huit tickets à remettre à des proches et, de ce nombre, son entraîneur au Québec, Martin Whelan, y sera assurément, tout comme les membres de sa famille qui la suivront religieusement. Et parions qu’ils ne seront pas les seuls Québécois à la suivre…