Notes de Golf Canada

Cam Cole, l’éminente carrière d’un grand journaliste de golf

Leslie Dunning & Cam Cole
Leslie Dunning & Cam Cole (Chuck Russell/ Golf Canada)

Cam Cole semble avoir maîtrisé l’art de la retraite.

« Je joue beaucoup plus souvent que je ne l’ai jamais fait, dit-il entre deux parties à son nouveau club d’attache The Harvest, à Kelowna. Je golfe sans doute trois ou quatre fois par semaine. Depuis ma retraite, le sport n’a pas pris moins de place dans ma vie, bien au contraire, et j’adore ça. »

Pendant de nombreuses années, les Canadiens férus de golf ont savouré les articles finement ciselés de Cole sur les grands championnats du sport. L’auteur estime avoir couvert 66 tournois majeurs, sept éditions de la Coupe Ryder et six de la Coupe des Présidents, neuf de l’Omnium canadien et, à plusieurs reprises, l’Omnium féminin du Canada, avant de prendre sa retraite en décembre 2016 au terme d’une carrière exemplaire de 41 ans comme journaliste sportif parmi les plus estimés du pays.

Le 4 juin, au Bear Mountain Golf Club de Victoria, Cole reçoit le Prix de reconnaissance pour services exceptionnels de Golf Canada, en hommage à sa contribution au sport du golf. La cérémonie sera suivie d’une ronde de golf, ce qui fera sûrement plaisir au lauréat.

« Je n’ai pas l’impression de m’améliorer, mais j’aime toujours autant jouer », soutient Cole, un gaucher qui se vante d’un handicap de huit malgré le fait qu’il joue encore avec ses fers Ping Eye 2 vieux de 30 ans. « The Harvest a la réputation d’être un parcours très ouvert, facile à jouer. Mais j’ai toujours de la difficulté à faire de bons scores ici. J’ai joué quelques rondes près de la normale, mais j’en ai aussi eu quelques-unes autour de 84, 85. Ça dépend, quand on rate son coup au mauvais endroit, on peine beaucoup à s’en sortir. Et les verts sont très pentus, durs à jouer. Mais je me plais bien ici, il y a une belle bande de gars avec qui jouer et l’ambiance est très amicale. »

À titre de journaliste sportif, Cole a aussi, bien sûr, traité d’autres sports que le golf. Toujours présent aux séries de la coupe Stanley, il a couvert de nombreux championnats mondiaux de patinage artistique, des Super Bowls et des coupes Grey, en plus des 16 Jeux olympiques auxquels il a assisté. Mais le golf était son affectation préférée, en partie pour des raisons égoïstes.

« J’aimais mieux le golf parce qu’on n’y joue pas tard le soir, avoue-t-il. Comme vous le savez, l’heure de tombée est le pire aspect du boulot. C’est tellement plus facile, pour le cerveau, quand on a quelques minutes de répit pour penser avant d’être obligé de livrer l’article aux presses. Je crois qu’en général, on écrit mieux quand on a le temps d’y penser avant de produire une ligne ou un paragraphe sans avoir à se précipiter. »

Son collègue Michael Farber, qui a souvent œuvré aux côtés de Cole lors de grands évènements sportifs, a offert à son vieil ami le plus beau compliment en entrevue à partir de son domicile montréalais.

« J’aime mieux lire un article sur le golf écrit par Cam Cole qu’un texte d’un autre auteur sur n’importe quel autre sport, affirme Farber, collaborateur spécial de Sports Illustrated et essayiste pour TSN. Il possède un talent polyvalent et il a très bien écrit au sujet de nombreux sports, mais je crois que ce qui a fait de lui un si bon journaliste de golf, c’est qu’il s’avère un excellent golfeur, selon nos critères de simples mortels. Son QI golfique dépasse de loin celui de la plupart des autres personnes qui écrivent à ce sujet. »

Cole garde de bons souvenirs des nombreux tournois majeurs auxquels il a assisté, mais la première et la dernière victoire majeure de Tiger Woods sont parmi ses plus mémorables.

« Je crois que j’en étais à mon quatrième ou cinquième Tournoi des Maîtres quand Tiger a balayé le tableau en 1997, raconte Cole. Si je me souviens bien, le premier jour, il avait d’abord joué 40 sur le neuf d’aller, et tout le monde était déçu. Puis, au retour, le voilà qui inscrit 30 ou quelque chose du genre, et à partir de là, il a mené jusqu’à la fin. Et puis il y a eu son dernier tournoi majeur – j’espère que ce n’est pas le dernier de sa carrière, mais ça se pourrait – qu’il a gagné à Torrey Pines, en 2008, malgré sa jambe éclopée. Ces deux hauts faits de sa carrière étaient exceptionnels à voir. »

Cam Cole

Cole souligne également le dernier Omnium britannique qu’il a couvert, en 2016, quand Henrik Stenson et Phil Mickelson se sont affrontés en un duel épique au Royal Troon, en Écosse.

« Je pense que c’est le meilleur duel de golf que j’ai jamais vu », dit-il, avant d’ajouter que son plus beau souvenir de golf lui vient de Kelowna, où il habite maintenant, et de son bref rôle de cadet pour Jack Nicklaus lors de l’inauguration du Bear Course à l’Okanagan Golf Club. « Ça, c’était vraiment spécial! »

Tout aussi spécial est le fait que Cole a eu l’occasion de jouer plusieurs parcours hôtes des tournois majeurs qu’il couvrait. Son nom a été tiré à trois reprises, parmi les journalistes, pour la ronde du lundi matin suivant le Masters à Augusta.

Cole ne s’ennuie pas autant de l’écriture qu’il le craignait. « Ça m’étonne un peu, dit-il, mais je crois qu’après deux ou trois ans de coupures de personnel à la rédaction, le plaisir de travailler à la presse écrite s’était beaucoup dissipé vers la fin. On m’a offert quelques occasions d’écrire, ici et là, mais je n’en avais plus envie. »

Et ça n’a pas été aussi difficile qu’il pensait de regarder les tournois majeurs à la télé. « Il m’arrive parfois de m’ennuyer de l’action, reconnaît Cole. L’an passé, j’aurais adoré être sur place pour voir Sergio Garcia triompher au Tournoi des Maîtres, parce que son histoire, au fil des ans, est fascinante. J’aime regarder le golf, mais honnêtement, quand on assiste à un majeur en tant que journaliste, on passe la moitié de son temps assis devant un écran de télé et un clavier, à écrire son papier. Je trouve ça assez sympathique de relaxer dans mon salon avec ma bière, devant mon propre écran, pour regarder les tournois de golf. »

Mais Cole aurait bien aimé aller à Carnoustie pour assister à l’Omnium britannique cet été, sauf que ce sera trop tard. Sa femme et lui ont en effet prévu une grande virée automobile à travers l’Irlande du Nord, la République d’Irlande, le Pays de Galles, l’Angleterre et l’Écosse en juin, avec un peu de golf au fil du chemin et un détour à Carnoustie pour rendre visite à un ami.

Cole compte jouer entre autres le parcours de l’ancien club d’attache de Rory McIlroy, Holywood, en Irlande du Nord. « Je souhaite jouer sur des terrains où, pour la plupart, je n’ai jamais frappé une balle », précise Cole qui, selon ses estimations, a joué sur au moins 100 parcours en Grande-Bretagne.

Les honneurs n’ont pas manqué, dans la vie de Cole, pour reconnaître la qualité de son œuvre. L’automne dernier, le Temple de la renommée du hockey l’a intronisé dans son aile médias et à deux reprises, Sport Media Canada lui a décerné son prix de Journalisme exceptionnel. Cole a pourtant l’impression de ne pas tout à fait mériter ces louanges.

« Quand on est un généraliste du journalisme sportif, on reçoit ce genre de nomination pour un sport en particulier et on ne sent pas qu’on le mérite vraiment. Un hommage pour le golf me rend perplexe. Qu’ai-je fait pour le golf? Je retire davantage du golf que j’en donne. Ce sport a été bon pour moi. Mais en même temps, c’est une belle surprise et un grand honneur. »