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La vague du millénaire

(Magazine Golf Canada)

N’en déplaise aux inconditionnels de La Légende de Bagger Vance et de Seven Days in Utopia, la rencontre du golf et de la culture pop au cinéma est marquée depuis une quinzaine d’années par tant de clichés aussi usés que les allées de St Andrews, que l’on pourrait désespérer de l’image de notre sport aux yeux des non pratiquants.

Le plus récent film de golf à arriver sur nos écrans, The Squeeze, vise justement à renverser cette tendance en inaugurant un nouveau genre, le film de golf à suspense. Une scène de la bande annonce montre le jeune héros ( Jeremy Sumpter) qui, à quelque 200 verges de la cible, projette sa balle dans les airs à l’aide d’un fer droit dont il se sert ensuite comme batte de baseball pour la frapper jusqu’au vert, d’une seule main, en un élan superbement synchronisé.

« The Squeeze est un merveilleux film de golf parce qu’il est authentique, déclare Phil Mickelson. Il vous accroche dès le début et vous tient jusqu’à la fin. C’est très divertissant et j’ai hâte de le revoir. » Cet éloge de l’un des maîtres du golf, qui aime bien lancer des paris amicaux à ses collègues de la PGA lors des séances d’entraînement pour y ajouter du piquant, pèse plus lourd que l’avis positif d’un critique de cinéma. Au nombre des appuis, du côté du PGA TOUR, il y a aussi Tom Watson qui a investi dans le film et Jack Nicklaus qui l’a bien aimé.

Avec son handicap de 1.1 dans la « vraie vie », Sumpter fait taire la rumeur agaçante, mais trop souvent avérée, qu’avant le tournage, les acteurs des films de golf semblent n’avoir jamais frappé une balle de leur vie. Un vétéran du genre, Christopher McDonald qui incarnait Shooter McGavin dans Happy Gilmore, lui donne la réplique avec le personnage de Riverboat, un arnaqueur qui entraîne le jeune prodige campagnard dans le monde des gros parieurs. Même si c’est une production indépendante à peine signalée dans les médias, après la bouillie hollywoodienne sentimentale qu’on nous sert depuis des années, ce film est un pas dans la bonne direction pour allumer le goût du golf chez les jeunes.

Après le cinéma, la soirée continue

Au diapason des natifs du millénaire, le géant émergent du divertissement golfique TopGolf a adopté le mantra « plaisir obligatoire, habiletés optionnelles » pour créer une formule gagnante qui a propulsé l’entreprise au sommet du tableau dans son domaine.

Son concept de terrain d’exercice de plus de 70 000 pi2, avec 100 plateformes d’élan réparties sur trois étages, a plus des allures de disco rave avec salle de jeux que d’installation d’exercice pépère où l’on frappe gentiment des balles au panier. Avec ses 16 établissements aux États-Unis et neuf autres en construction, la société en pleine expansion s’attend à accueillir 8 millions de visiteurs cette année.

Le coup de génie de TopGolf a été d’introduire un dispositif d’identification par radiofréquence dans des balles Calloway : quand il frappe sa balle vers une cible géante, le golfeur obtient une rétroaction immédiate de sa performance, à son nom, sur un écran. Ces gens ont transformé ce qui était naguère une activité solitaire et contemplative en un événement social trépidant où des légions de jeunes font la queue pour frapper des balles, rigoler ensemble et vivre l’expérience du terrain d’exercice avec bar.

Des professionnels du golf sont aussi sur place pour donner des conseils et des démonstrations, ce qui rend l’expérience éminemment conviviale pour les jeunes débutants. Même si vous n’avez jamais joué au golf, comme la moitié des gens qui entrent la première fois chez TopGolf, vous arriverez à marquer au moins quelques points à l’un ou l’autre des jeux de distance ou de cible.

« L’écran vous montre exactement la distance parcourue par votre balle et où elle tombe sur la cible pour vous donner des points, explique le chef des opérations de TopGolf, Randy Starr. Pour le néophyte qui ne saurait dire “super, beau coup, je pense avoir fait 145 verges avec mon fer 8”, notre concept rend ça plus amusant. »

Et Starr d’ajouter : « Vous visez quelque chose de très visuel. Votre nom est à l’écran et vous faites la compétition à vos amis ou à votre famille dans un environnement qui n’est pas intimidant pour un sou. »

TopGolf compte tripler le nombre de ses établissements au cours des cinq prochaines années, et les grands centres urbains du Canada sont dans sa mire. Toronto est la ville d’Amérique du Nord d’où viennent le plus de demandes de renseignements. Entretemps, l’entreprise a commencé à construire un complexe géant à Las Vegas, sur le terrain du MGM Grand, avec quatre niveaux de plateformes de départ, une scène de spectacle et un salon VIP avec jeux d’eau sur le toit.

Tendance applis mobiles

Pour les golfeurs plus aguerris qui rêvent de pouvoir analyser autant de statistiques sur leur propre jeu qu’il y en a pour les joueurs du PGA TOUR, les systèmes GPS de suivi statistique du jeu comme Game Golf et Arccos comblent leurs voeux avec des outils qui leur permettent de cerner chaque détail de leur performance.

Les deux systèmes fonctionnent à partir de capteurs insérés dans le bout du manche de chaque bâton et connectés à un appareil qui compile des tonnes de données sur chaque coup, allant du nombre d’atterrissages dans l’allée à la proportion de verts atteints en coups prescrits, en passant par des cartes de dispersion des coups de départ indiquant les tendances nuisibles au crochet.

L’aîné des deux, Game Golf, nécessite le port d’un dispositif à la ceinture, qu’il faut toucher avec le manche du bâton avant chaque coup pour lancer l’enregistrement des données. Arccos, soutenu par Billy Horschel, se branche automatiquement à une application iPhone pour enregistrer chaque coup. Les deux systèmes permettent aux golfeurs de revivre leurs parties coup par coup et de voir clairement comment chaque élément de leur jeu influence leur score final.

À l’ère du conditionnement numérisé, l’appétit est grand pour ce genre de données personnalisées. Les connaissances ainsi acquises sont inestimables pour aider le golfeur à améliorer son jeu et à prendre les bonnes décisions sur le parcours. Et quand on joue mieux, il est évident qu’on a envie de jouer plus souvent. J’avoue qu’Arccos est addictif.

En plus de toutes les données qu’il compile, il propose une carte de pointage automatisée qui élimine le recours au fichu crayon… Entre autres caractéristiques qui vous aideront à rester branché à votre jeu après quelques rondes, il y a la possibilité de voir vos distances moyennes avec chaque bâton et votre palmarès personnel dans diverses catégories : plus long coup de départ, nombre de trous d’un seul roulé, vitesse de jeu et plus encore.


La vague du millénaire

Cet article a été publié dans le numéro de juin 2015 du magazine Golf Canada. Pour lire l’article dans le format original, cliquez sur l’image à la gauche.