Maude-Aimée LeBlanc : bientôt la percée?

(Vaughn Ridley/Getty Images)

Après une carrière amateur étincelante, Maude-Aimée LeBlanc a vécu des hauts et des bas depuis six ans qu’elle est professionnelle, ce qui ne l’a pas empêché de grandir et de mûrir.

Récemment, lors de la Classique Manuvie de de la LPGA, à Cambridge en Ontario, elle a pris quelques moments pour revenir sur son cheminement.

La Sherbrookoise de 28 ans, qui arpente les terrains de golf depuis l’âge tendre de 5 ans, en reconnaît le mérite à son père, Gaston.

« Mon père m’a initiée au golf. Il n’a jamais été pro, mais il était un très bon amateur. J’ai tout de suite aimé le golf et j’ai passé une bonne partie de mon enfance sur les parcours », se rappelle LeBlanc, une golfeuse au gabarit imposant de 6 pi 1 po (185 cm).

« J’avais à peu près 9 ans quand j’ai commencé à participer à des tournois. On n’était que deux filles, mais on battait régulièrement les garçons. C’est à cette époque que j’ai compris que j’avais un certain talent », explique-t-elle avec un sourire entendu.

C’est l’Américaine Michelle Wie qui l’a inspirée à devenir professionnelle.

« À 12 ou 13 ans, je tombais sur Michelle Wie chaque fois que je regardais la télé. Elle participait à des tournois professionnels malgré son jeune âge et je trouvais ça génial. Je me suis dit que c’était ce que je voulais faire aussi. »

LeBlanc se rappelle encore à quel point elle était excitée d’avoir Wie comme compagne de jeu lors de l’Omnium canadien féminin de 2008.

« J’avais 19 ans quand j’ai joué avec elle pour la première fois. J’avais obtenu un laissez-passer pour l’Omnium canadien féminin et j’ai vécu une expérience formidable. C’était sur le parcours même où sera disputé l’omnium de cette année [l’Ottawa Hunt and Golf Club] ».

Pour ce qui est de ses succès chez les amateurs, la championne junior du Canada de 2006 reconnaît que Golf Canada a joué un rôle important.

« J’avais 13 ans à mes débuts avec Golf Canada. J’ai beaucoup appris et j’ai eu la chance de jouer partout dans le monde, ce qui a beaucoup contribué à mon développement », indique LeBlanc qui fut aussi la championne amateur du Québec en 2007.

Forte de ses succès dans les rangs juniors, LeBlanc obtient une bourse complète de l’Université Purdue, en Indiana, où elle aide l’équipe féminine de golf à décrocher le titre de la NCAA en 2010.

« C’était une grande équipe et Maude était l’une des meilleures, sinon la meilleure. Elle m’a beaucoup appris. Elle frappait la balle très loin en plus de bien jouer sur les verts », se rappelle Paula Reto, une ancienne coéquipière qui évolue maintenant sur le Circuit de la LPGA.

« Nous attendions toutes Maude au 18e trou. Elle devait réussir la normale pour nous faire gagner, et c’est ce qu’elle a fait. »

Une autre ex-coéquipière des Boilermakers, Laura Gonzalez Escallon, précise que la normale qu’a obtenue LeBlanc était loin d’être acquise.

« Maude se trouvait dans une fosse si profonde qu’on ne la voyait même pas, mais elle s’est sortie du pétrin et nous l’avons emporté par un coup. Elle a réussi la normale à un moment crucial », se rappelle Gonzalez Escallon, une recrue sur le Circuit de la LPGA.

Et d’ajouter : « J’en étais à ma première année et j’ai éprouvé une énorme sensation. Pour nous, ajouter le titre de la NCAA à notre feuille de route était un exploit. »

Après avoir mené son équipe au titre de la NCAA à sa troisième année, LeBlanc a vu le magazine Golfweek la sélectionner au sein de la première équipe All-American.

Pour LeBlanc, son séjour à Purdue restera à jamais gravé dans son cœur.

« On avait une équipe sensationnelle avec une grande connivence entre chacune de ses membres. On a eu beaucoup de plaisir et je garde un souvenir inoubliable de mes quatre années là-bas. »

Après avoir obtenu son diplôme en 2011, elle obtient sa carte du Circuit de la LPGA à sa première tentative. Malheureusement pour elle, une blessure au dos coupe de moitié sa première saison, en 2012.

LeBlanc met du temps à retrouver ses moyens. Après une saison 2013 difficile, elle perd sa carte à part entière sur le Circuit de la LPGA et passe la majeure partie de la saison sur le Circuit Symetra.

En 2015, LeBlanc a recouvré la santé et reprend peu à peu la forme. Cette année-là, elle participe à 22 tournois sur le Circuit Symetra et revendique six top 5.

En décembre 2015, elle obtient à nouveau sa carte à part entière du Circuit de la LPGA, elle qui se classe parmi les cinq premières des qualifications.

En 2016, LeBlanc connaît sa meilleure saison chez les pros, gagnant plus de 173 000 $ US et évitant le couperet dans 15 des 23 tournois auxquels elle participe.

Suite à ses succès de 2016, elle entreprend la saison 2017 avec un objectif précis : effectuer une percée et signer sa première victoire sur le Circuit de la LPGA.

Cependant, après un départ prometteur qui la voit se classer 7e ex æquo à l’Omnium féminin d’Australie ISPS Honda en février, elle éprouve ensuite des difficultés, n’évitant le couperet que dans deux de ses 11 tournois suivants.

Malgré les déboires de LeBlanc, son ex-coéquipière à Purdue croit que la talentueuse Canadienne est capable d’obtenir de bien meilleurs résultats.

« Maude possède plusieurs atouts et elle est notamment l’une des plus longues cogneuses du circuit. Il s’agit pour elle de reprendre confiance dans son petit jeu », analyse Gonzalez Escallon.

LeBlanc, la 5e mieux classée de la LPGA pour les coups de départ avec une distance moyenne d’un peu plus de 275 verges, croit que son inconstance s’explique par son manque de confiance sur les verts.

« J’ai connu un bon départ cette saison. Mes roulés donnaient des résultats, mais la situation s’est détériorée par la suite, ce qui est un peu frustrant », avoue LeBlanc.

Cela dit, elle trime dur, à sa sixième saison professionnelle, pour améliorer cette facette de son jeu.

« Je passe des heures supplémentaires sur le vert d’exercice et j’ai le sentiment que mes résultats récents ne reflètent pas la qualité de mon jeu », dit-elle.

« De plus, j’ai beaucoup appris de mes hauts et de mes bas des dernières années. Je pense avoir acquis de la maturité et je sais ce que je dois faire pour renverser la vapeur. Je sens que je suis vraiment près du but. »

Plusieurs tournois importants figurent encore au calendrier de la LPGA cet été, mais LeBlanc en a encerclé un en particulier.

« J’ai vraiment hâte de disputer l’Omnium féminin CP. Comme je ne participerai pas à la Coupe Solheim, j’aurai deux semaines de répit, ce qui me donnera la chance de me familiariser encore davantage avec le parcours et de me préparer au tournoi. »

Comme sa blessure au dos ne l’importune plus et qu’elle est l’une des plus longues cogneuses du circuit, LeBlanc sait fort bien quel aspect de son jeu elle doit améliorer pour atteindre ses objectifs, immédiats et futurs.

« Je crois encore en mes chances de victoire, mais mon fer droit doit collaborer », dit-elle.

« Je sens que je vais dans la bonne direction. Si je reste patiente et continue de peaufiner mon jeu sur les verts, les résultats suivront. »