Gordon et le golf

Une solution simple pour régler la question du rythme de jeu

JB Holmes
J.B. Holmes (Tim Bradbury/Getty Images)

Je suis l’anti J.B. Holmes.

Ne vous méprenez pas. Je ne suis pas « anti » J.B. Holmes.

Lorsqu’il a remporté le Genesis Open pour sa cinquième victoire sur le circuit de la PGA, j’ai applaudi la résurgence de quelqu’un qui, de l’avis général, est un type bien, un mari et un père formidable qui a survécu à une opération au cerveau. Un ancien équipier en Coupe Ryder et un puissant cogneur qui attaque bien la balle.

Mais aussi, hélas, un véritable temps d’arrêt humain lorsque l’on observe son rythme de jeu !

Cela dit, je suis l’exemple parfait du « balayeur de rosée ». À mon club, le Midland Golf and Country Club en Ontario, mon groupe se voit attribuer la première heure de départ le dimanche, après un vote unanime du reste des membres. Nous jouons typiquement en trois heures ou moins.

« Le golf prêt-à-jouer » est notre modus operandi, mais j’admets que notre concept du rythme de jeu est plutôt extrême. La saison dernière, un membre de notre groupe a dû se défiler et nous avons demandé à un ami de le remplacer. Après avoir complété le premier trou, il nous dit qu’il inscrivait la normale 4.

« Non », lui dis-je. « Dans ce groupe, nous considérons que les élans d’exercice sont des coups. Tu en as pris trois, alors ça fait sept.

Donc, comme je l’ai dit, plutôt extrême.

Vous voulez parler d’extrême ?

Lors de la dernière ronde de l’Omnium Genesis, le trio de Holmes a eu besoin de — non, je vais être honnête — il a enduré cinq heures et 28 minutes pour compléter ses 18 trous. Dont treize minutes autour du seul 13e vert. Et en creusant vingt minutes de retard sur le groupe précédent. Des golfeurs professionnels. En alignant indéfiniment des roulés faciles de moins d’un pied. (Au moins, on peut dire que Holmes sait bien aligner ses roulés. Selon mon expérience, la plupart des amateurs pourraient tout aussi bien fermer les deux yeux lorsqu’ils tentent cela.)

À une époque où il est largement reconnu que l’un des principaux défis du golf est d’accroître le rythme de jeu, l’approche glaciaire de Holmes a fait la une des médias sociaux. Même ses pairs l’ont critiqué.

Fidèle à mon esprit contrariant habituel, je crois que nous devrions peut-être féliciter Holmes d’avoir soulevé le débat.

Aucun de nous, sauf moi bien entendu, n’est exempt du droit de pointer le doigt.

Du golfeur récréatif allant jusqu’aux tournois professionnels, la lenteur du jeu est une maladie pernicieuse qui affecte le golf à tous les niveaux.

En 2018, les décideurs du circuit européen ont résolu ce problème en appliquant un chrono de 40 ou de 50 secondes en fonction du type de coup à jouer. Seuls quatre joueurs ont reçu des pénalités d’un coup pour avoir dépassé le temps alloué. La réaction des joueurs a été extrêmement positive.

« La règle 5.6b (3) permet à un comité d’établir une politique de cadence de jeu spécifique », affirme Adam Helmer, directeur des règles, des compétitions et du statut d’amateur de Golf Canada. « En vertu de cette politique, on peut imposer un délai maximum pour terminer une ronde, un trou ou une série de trous et un élan, et on peut également imposer des pénalités pour non-respect de cette politique. Le PGA Tour a recours à un mélange d’amendes et de pénalités pour appliquer cette politique.

« Golf Canada adopte une politique de cadence de jeu qui identifie le temps imparti aux groupes pour jouer des trous spécifiques (1-5, 6-9, 10-14, 15-18). Les groupes sont avertis s’ils ont dépassé le temps imparti ou s’ils atteignent 14 minutes de retard sur le groupe précédent. S’ils échouent à un deuxième point de contrôle, ils sont passibles d’une pénalité d’un coup (et la pénalité augmente à mesure qu’ils ratent un troisième et un quatrième point de contrôle potentiel). Par contre, pour ce qui est de la cadence de jeu lors des épreuves de qualification (pour les omniums et les championnats amateurs) nous ne nous penchons que sur la cadence de jeu individuelle. »

Mon but n’est pas de prêcher que tout le monde adopte le golf à toute vitesse que préconise mon groupe, mais si nous accordions plus d’attention au rythme de jeu, le jeu serait plus agréable pour tout le monde.

Les nouvelles règles le reconnaissent, grâce à des modifications comme réduire le temps accordé à la recherche d’une balle — qui passe de cinq à trois minutes — et encourager la pratique du golf prêt-à-jouer. Et qu’est-ce que le golf prêt-à-jouer en fait ?

Oubliez le concept de « c’est à qui le tour ? » Frappez quand vous êtes prêt et quand il est sécuritaire de le faire. Préparez-vous pour votre coup pendant que vous vous approchez de la balle. Ayez le bon bâton en main. Effectuez tous vos coups roulés sans faire de pause. Inscrivez votre score en arrivant au départ suivant. Gardez le pas avec le groupe qui vous précède. Et surtout, socialisez après votre partie, pas pendant.

J’ai bien appris ma leçon il y a des années à North Berwick, en Écosse, lorsque notre trio, tous des golfeurs de talent, a acquiescé à la demande de quatre membres de la gent féminine tirant leurs sacs sur des chariots et qui voulaient nous dépasser. Et lorsque nous avons finalement terminé notre ronde, ils savouraient déjà un sandwich et une pinte, tout en nous servant des regards foudroyants bien mérités.

C’est à mon tour maintenant diriger ces mêmes regards vers les golfeurs les plus tortues de mon club. Merci, mesdames.

La règle 5.6b spécifie que « Une ronde de golf est censée se jouer à un rythme soutenu. Chaque joueur devrait réaliser que la vitesse de son jeu est susceptible d’affecter le temps requis par les autres joueurs pour jouer leur ronde, tant les joueurs de son groupe que ceux des groupes qui suivent. »  Cette règle propose aussi certaines recommandations pour accélérer le rythme de jeu.

Le rythme de jeu. Ce n’est pas tout de jouer rapidement. Il faut aussi jouer de manière efficace et avec considération pour autrui.